Accro aux écrans – troubles scolaire et d’apprentissages- Drôme 26
Les réflexes à adopter pour que vos enfants ne deviennent pas accros aux écrans
Maïlys Khider
Le 10 décembre 2018 Figaro Madame
Vous travaillez beaucoup et êtes accro à votre smartphone. Protéger vos enfants des écrans relève de la mission prioritaire pour s’assurer de leur bon développement. Les conseils de spécialistes pour y arriver.
Hypnotisés par d’attractives couleurs, alléchés par des jeux faciles, vos enfants demandent sans cesse à tripoter l’écran tactile d’une tablette ou d’un smartphone. Vous, parents acquis à ces outils modernes, tentez tant bien que mal d’en raisonner l’usage. Et pour cause. En 2016, l’Académie de médecine de pédiatrie américaine (AAP) alertait : les écrans remplacent ou empiètent sur d’autres occupations primordiales pour les plus jeunes : discuter, jouer, étudier ou dormir.
L’inquiétude est réelle aussi en France, du côté des réseaux de protection de la jeunesse. Écoles et protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ont sollicité l’aide de la psychologue et thérapeute familiale Sabine Duflo afin de trouver des solutions aux problèmes causés par les écrans. L’auteure de Quand les écrans deviennent neurotoxiques : protégeons le cerveau de nos enfants est catégorique : « J’observe des effets sur le sommeil, la mémoire, les relations à l’autre, ainsi que des retards dans l’apprentissage du langage ». Comment éviter aux plus jeunes de prendre de mauvaises habitudes lorsqu’on est parent, que l’on travaille une grande partie de la journée, et que l’on est soi-même accro aux écrans ?
Éviter les connexions le matin, pendant les repas et avant le coucher
Acteurs extérieurs et parents doivent réguler la consommation d’écrans des plus petits.
Les écrans sont particulièrement nuisibles à certains moments de la journée. «Consultés le matin, ils perturbent la concentration pour le reste de la journée, explique Sabine Duflo, habituée à recevoir des familles en consultation autour de ces sujets. « Autre temps où la déconnexion est conseillée : les repas. C’est l’un des instants où l’enfant est en principe le plus écouté. N’oublions pas que la qualité du langage est déterminée par les échanges entre parents et enfants.»
Enfin, être exposé à la lumière bleue d’un écran avant de dormir empêche de trouver facilement le sommeil. « Dans un milieu naturel, le cycle du sommeil est déterminé par la luminosité. Le soir, on envoie un message au cerveau lorsqu’on l’expose à une lumière de ce type : on lui indique qu’il est plus tôt qu’il ne l’est réellement. Par conséquent, il vaut mieux éviter que l’enfant navigue sur une tablette ou un smartphone dans sa chambre. »
Pour les parents qui rentrent tard, garder la main peut s’avérer compliqué. Ceux qui font surveiller leurs bambins peuvent donner des directives à la nounou : nombre de minutes/d’heures autorisées, interdiction formelle à l’heure des devoirs, etc. Dans la Silicon Valley, les pourvoyeurs de logiciels, applications, réseaux sociaux et autres sont les premiers à interdire strictement à leur nounou d’exposer leur progéniture aux écrans. Certains vont jusqu’à faire signer un contrat pour s’assurer du bon respect de cette règle.
En vidéo, le cerveau des enfants accros aux écrans semble modifié
Le cerveau des enfants accro aux écrans semble modifié.
Selon une étude menée aux États-Unis, le cerveau des enfants qui passent beaucoup de temps sur les écrans apparaît modifié.
Les jeux sans écran : une alternative salutaire
Apprendre à maîtriser l’accès aux écrans, afin de ne pas être esclaves des nouvelles technologies
Des entreprises proposent désormais des alternatives aux écrans, tout en permettant aux petits d’utiliser des outils électroniques. Exemple à succès : Lunii, un site qui permet de choisir un héros, un univers, un personnage, un objet, et d’écouter en 100% audio sur un petit boîtier les histoires que les jeunes utilisateurs participent eux-mêmes à confectionner. Selon Jeanne Siaud-Facchin, psychologue et psychothérapeute, «il est très important que les acteurs extérieurs et les parents fassent des propositions pour aider à réguler la consommation d’écrans. Ce qui peut être efficace, outre ces jeux sans écran, c’est de mettre les applications en gris et blanc. C’est une option présente sur les smartphones. Elles deviennent bien moins addictives ».
D’autres acteurs encouragent le contrôle, plutôt que l’éradication des écrans. L’application Xooloo, taillée sur mesure pour des parents qui souhaitent réguler à distance les activités de leur(s) enfant(s), permet de visualiser le temps passé par ces derniers sur un écran ou de bloquer certains sites (à caractère violent par exemple). Grégory Véret, son cofondateur, défend un outil créé pour apprendre aux enfants à maîtriser l’accès aux écrans, afin qu’ils ne soient pas esclaves des nouvelles technologies. «Quand un parent veut limiter l’utilisation d’un site, il peut le faire en quelques clics. L’appli sera bloquée à l’issue de la durée indiquée. Xooloo va aussi lui dire combien de temps passent les autres enfants sur ce même site, afin de savoir si le sien est dans l’excès, ou plutôt dans la moyenne. L’appareil de l’enfant peut aussi être mis en pause, au moment de passer à table par exemple.»
La déconnexion des enfants passe par… celle des parents
Trente minutes de réelle présence valent mieux que deux heures ensemble en ayant d’autres préoccupations
Comment expliquer à sa descendance qu’il est préférable pour eux de décrocher… lorsque l’on a soi-même le smartphone greffé à la main ? La psychologue et psychothérapeute Jeanne Siaud-Facchin considère « essentiel que les parents ne soient pas sur leur smartphone quand ils sont avec leurs enfants. Sinon, il deviendra presque impossible de les freiner ». Ceux-ci, souvent fins négociateurs lorsqu’ils souhaitent se connecter, ne comprendront pas de se voir poser des limites tout en voyant leurs parents pianoter sur leur smartphone.
La difficulté : les parents qui travaillent doivent parfois répondre à des mails, des messages d’un collègue ou de leur patron… « Il faut dégager des moments consacrés. Il vaut mieux s’enfermer dans sa chambre et répondre à tous ses messages, puis passer du temps avec sa famille. Trente minutes de réelle présence valent mieux que deux heures ensemble en ayant d’autres préoccupations. Aujourd’hui, certains parents se servent de la télévision pour occuper un enfant. Ils profitent de ce moment pour travailler, ou s’occuper de la maison. Avec les tablettes, on a atteint un stade supérieur d’envahissement. Celles-ci occupent beaucoup plus l’espace de vie et l’espace mental car elles sont mobiles. »
La clinicienne conseille de faire jouer son rôle à la pédagogie. Elle plaide pour que « les parents essaient de comprendre pourquoi un jeune a besoin de cette sur-connexion. Un enfant que l’on ne blâme pas, mais à qui on explique les méfaits des écrans se montrera bien plus ouvert ». Mais surtout, martèle-t-elle, les parents doivent élargir les domaines d’intérêt des plus jeunes. « Il faut leur donner le goût de lire, de faire du sport, de voir des amis, d’aller à des spectacles. Mais aussi multiplier les sollicitations, avoir des relais d’éducation (amis, famille). Plus on les incite à varier les activités, moins ils ont besoin de s’enfermer dans un écran. »